On the wake of the galleons

Picture a pirate’s village… Near a fort, small wooden houses border narrow streets, their carved balconies over ancient signs of handicraft shops hanging at their doors in the tepid breeze. Further, palm trees and luxurious vegetation provide shade to colorful villas and parks such as the Fountain of Youth park. That’s Saint Augustine, apparently the oldest town in continental United States, where the Spanish galleons, led by Pedro Menéndez de Avilés, first settled in 1565. This is where I landed after the 11 days of Atlantic crossing.

Where to start with about this first leg of the travel?… I mentioned last time that both my travel mates and the crew were friendly, at first sight. Well, the first impression did get confirmed, so let me speak a bit about them to set the stage of the crossing. There was the captain, friendly and casual as long as duty did not require otherwise. Breaking the monotony of the uniform with various colorful T-shirts and Bermudas, you would find him under the sun taking care of his 3 aromatic plants (basilica – for the pizza of course, mint and chili), or reading his book. Or he would be directing the fire emergency simulation from the bridge, issuing instructions to the teams busy in the lower decks of the ship. Rayan (fictitious names), of course, who first showed us the vessel, calm and cultivated, you could imagine him on the bridge during his night watch, looking at the moon and the stars and thinking about books to be written. Andrew, his companion for the duty shift, sometimes sleepy, playing youngies clips in the day-room, sometimes excited about one or the other word he or I wouldn’t know. Florian, the messman, smiling Filipino, would unexpectedly fill the day-room with his singing or his miaow as we would be playing our Risk, was incredibly helpful and would always try, or ask (« I’ll try! », « I’ll ask! »), anything we would request (and we were tough guests). Roger, our guide in the engine room, was on his first crossing, would be shy, sometimes blunderer, showing up with a hat in the mess-room one day, with hair shaved punk style by his crew-mates the other day. The list could continue for a while, there where more than 20 people aboard. In the middle, we were three french (partly french, on my side) passengers, living in a cozy bubble, speaking with some accent towards the outer world. I’ll proceed in that language to describe our daily routine.

 

Tout ce petit monde oscille entre l’ennui absolu et l’occupation fébrile. Entrecoupé de temps à autre par une Samba lancée par le capitaine sur tous les hauts-parleurs du navire. En ce qui me concerne, je n’ai plutôt pas eu le temps de faire tout ce que je souhaitais, Anna Karénine est restée en suspens à une centaine de pages de la fin. Il faut dire que nos souhaits ont été souvent exaucés, parfois sans même être exprimés. Ainsi, Nietzsche ayant soupiré après des transats au départ, ceux-ci ont été sortis le lendemain, pour nous permettre de nous prélasser au soleil, face à l’horizon.

Parlons-en, de cet horizon… Monotone, m’ont dit certains… Je prétends le contraire. Chaque jour, chaque heure, la teinte de la mer est différente, son relief, son balancement sont un repos pour les yeux autant que l’eau fraîche dans un gosier aride. Noire (ou plutôt littéralement invisible) la nuit, l’aube (si si, je me suis levé à l’aube une fois) la fait apparaître grise, puis bleue. La Méditerranée d’un bleu doux, à peine plus foncé que le ciel, l’Atlantique plus profond, que tranche nettement le blanc de l’écume soulevée par la coque. Notre sillage fait de petites vagues rondes, comme des collines de pelouse. Que souffle un peu le vent, et elles se troublent de myriades de plus petites ridules. Qu’il vente encore un peu, elles s’ourlent de moutons blancs. Si ce vent apporte des nuages, alors le bleu s’éclaircit par endroits, jusqu’au gris. Que le ciel se couvre, et ce sont maintenant les tâches bleues qui se distinguent sur l’onde grise. Puis il pleut et la vue se trouble, l’horizon disparaît. Lorsque la pluie est passée (elle n’a jamais duré bien longtemps, et une nuit seulement l’orage a illuminé l’horizon au lointain) et que le soleil monte dans le ciel, son reflet éblouit. Qu’il monte encore un peu, et la mer miroite (je n’avais jamais saisi la signification de ce verbe…): sur toute sa surface de tous petits feux-follets se déplacent, scintillent, renaissent. Le regard en est parfois distrait lorsqu’un poisson volant (ou un banc) effrayé par notre marche part d’un long vol au-dessus des vagues. Ou des dauphins (mais je n’en ai vu que de loin pour ma part). Puis se couche l’astre, et s’il y a des nuages ils forment des sculptures aux couleurs fantastiques, le disque se teinte de rouge, de jaune, de rose, passant et réapparaissant derrière les couches successives, au fond peu différentes de celles que l’on peut voir à terre. Mais que le ciel soit dégagé, et c’est toute la brume qu’il y a toujours sur cet horizon si lointain qui apparaît d’ambre, anneau chaleureux autour du navire qui se fond en dégradé dans le bleu du ciel, au-dessus de la mer qui est restée bleue et va en s’assombrissant. Puis c’est au tour de la lune de venir se coucher (nous sommes partis un jour de nouvelle lune, arrivés peu avant qu’elle soit pleine), son reflet à elle est plus doux, on peut soutenir son regard, traînée blanche à grise dans le prolongement de la proue (puisque nous voguons vers l’Occident). Et, lorsqu’elle est partie, les planètes (Mars et Saturne dans le Scorpion, Jupiter dans le Lion) sont les étoiles de la fête, parmi leurs compagnes scintillantes. Elles apparaissent rares et rouges si l’on sort des appartements, les yeux encore éblouis, puis pâlissent et bientôt c’est la Voie Lactée qui semble éblouissante, comme un nuage phosphorescent d’un bout à l’autre de l’horizon.

La contemplation, donc. Allongé sur le transat, dorant sous le soleil, ou le dos sur la surface métallique du pont lorsque la nuit est douce, voilà le plaisir le plus uniaue de cette traversée. La lecture est en est une plus commune, mais elle aussi connait ici un horizon dégagé. Mis à part les heures des repas, midi et 20h00 (en tenant compte du décalage horaire progressif), il n’y a rien pour l’interrompre, si ce n’est l’envie de faire autre chose. Du babyfoot, par exemple, que nous avons avec Daniel, un peu moins Nietzsche, pratiqué régulièrement. Un peu de sport aussi, dans le petit gymnase du bateau, terminé par une course sur le pont à l’air de la mer. Le soir, les parties de Risk ou de Monopoly ont alterné avec des films (parfois troublées par les « miaou » du steward). Les échecs ont aussi été à l’honneur contre quelques membres de l’équipage. Et les visites de différentes parties du bateau. Là aussi, peu nous a été refusé. Depuis la salle des machines, que j’ai déjà décrite et à laquelle s’ajoutait juste le mouvement des bielles (visible par de petits hublots sous chaque bougie) et de l’arbre de l’hélice, à la proue du navire, amarres enroulées cette fois, le visage face au vent façon Titanic, en-dessus du bulbe qui fend les flots en jaillissements d’écume (le bas de la proue se termine en bulbe pour optimiser l’hydrodynamisme). Je passe sur quelques expéditions sur le pont de commandement (où la permanence nous a tout de même été formellement interdite pour des raisons de sécurité), quelques passages sur les ponts de chargement abritant des tracteurs monumentaux ou ces rangées interminables de voitures toutes pareilles, sauf les couleurs, ou à l’infirmerie lors de l’exercice de combat à l’incendie (tous les dimanches, parait-il). Enfin les discussions avec l’équipage, que ce soit sur les projets des cadets ou les expériences des anciens, sur la vie sur le bateau ou la philosophie des marins, parfois en donnant un coup de main pour les tâches simples.

Bref, une tranquille routine, chaque jour semblable mais un peu différent, oublieux du monde extérieur (du Brexit ou des attentats, par exemple), coupée seulement de quelques moments remarquables, le départ, le passage entre la Corse et la Sardaigne, le passage de Gibraltar et l’arrivée en Floride, que je décrirai en portugais. Sa description ne se passe pas sans nombre de lieux communs, pour lesquelles je présente mes excuses, mais la vivre quelques jours est une façon parfaite de commencer ce long périple pendant lequel je serai un peu loin de tout.

 

Ora pois as personagens e a rotina a bordo já as apresentei. Quanto ao desenrolar da travessia propriamente dito… Tal como a rotina, não passa sem alguns lugares comuns. Começa pela partida, por exemplo, dia 5 de Junho. Já de noite os últimos carros do carregamento são embarcados, vistos do cimo dos 30m do barco parecem brinquedos telecomandos circulando velozmente em fila. O motor começa um ronronar que não nos deixará antes do fim da travessia. Os operadores do porto vêm largar as amarras, e o cargueiro deixa para trás a cidade iluminada. As luzes que inundavam o convés superior apagam-se, sobram apenas as estrelas. A lua está nova, mal se vê. Não longe do nosso cais, um cais de carregamento de carvão associado a uma central eléctrica toma um aspecto de árvore de Natal, um emaranhado de luzes iluminando traves fantasmagóricas vagamente rectangular no preto da noite. A Europa afasta-se… agora sim, parti. Já passa da uma da manhã, vamos-nos deitar.
Na manhã seguinte sou acordado por pancadas frenéticas à minha porta… É Nietzsche, que julgou por bem vir dizer-me que estamos a passar pela Córsega e a Sardenha. De facto fez bem, a visão vale a pena. De lado e do outro, o Mediterrâneo de um claro azul ondula apenas levemente, frente às montanhas tingidas de azul também, perdendo-se no ar claro. Do lado da Sardenha, algumas vilas, um castelo, e várias cristas de serras umas por trás das outras. Do lado da Córsega, falésias abruptas esculpidas pelas ondas, encabeçadas de faróis, em frente de uma cordilheira única. Veleiros, ferries, iates e outros cargueiros cobrem o mar. Avançamos um pouco em ziguezague, mais para Sul, mais para Norte, finalmente para Sul-Sueste, como me indica a bússola oferecida por uns amigos à partida, e como registo no diário de bordo que começo, usando um caderno também oferecido como suporte.
Mais dois dias, e durante a noite passamos o estreito de Gibraltar. O vento sopra, enevoou tudo, não se vêm estrelas e outros barcos aparecem como umas fracas luzes desfocadas. Pela primeira e única vez sinto o cheiro a maresia (será porque estávamos tão alto acima do nível do mar, ou porque me habituei de imediato?). No momento em que desespero aperceber terra, levanta-se a névoa, do lado de Marrocos uma estrada iluminada liga algumas pequenas cidades. Do lado de Espanha está tudo escuro, mal se adivinha a linha da costa, preta mais preta que as nuvens por trás. Será o último pedaço de Europa avistado antes de muitos meses, último de terra durante uns dez dias.
Passamos ao largo dos Açores, depois por cima da cordilheira submarina Atlântica (a diferença de elevação aparece nos mapas de bordo). Mais tarde não longe do tristemente célebre triângulo das Bermudas, mas para dizer a verdade essa noite esteve particularmente clara. E finalmente chegamos perto do nosso destino, a Flórida nos EUA.
A poucas horas da terra, param os motores. Corro à ponte de comando saber o que se passa. Apenas uma revisão dos motores antes de entrar no porto, nada de extraordinário, mas é oportunidade de ver o capitão envergar realmente o seu traje de autoridade ao arrancar de novo o navio e restabelecer a rota, da qual desviámos bem, levados pelo Gulf Stream e o vento. Pouco depois vê-se terra. Daqui mais parece uma visão de Apocalipse, as primeiras formas que se vislumbram são chaminés fumegantes e cargueiros a chegar e a partir. Mais perto começam a aparecer contrastes. O porto de Jacksonville encontra-se no fundo de um canal. A entrada de este, de um lado está uma base militar, com os seus navios de guerra hirsutos, do outro uma « beira-mar » de praia com palmeiras e bungalows. Mais longe, os hangares do porto e gruas portuárias contrastam com uma vegetação luxuriante, árvores de grossos troncos emaranhados e verdejantes, cenário dos jardins cuidados de vilas à beira do canal, cada qual frente ao seu pequeno embarcadouro privado de madeira. O sol põe-se, num dos mais flamejantes pores do sol da travessia, tingindo as nuvens de amarelo e vermelho. Ironia da sorte, vem desaparecer exactamente entre as chaminés de arrefecimento e as de escape de uma centra eléctrica, que se destacam claramente na contra-luz. Por fim, depois de passados debaixo de uma ponte, que à altura a que estamos parece uma besta gigantesca inclinando-se sobre nós para o jantar, atracamos. Sem pressas, são postas as amarras, desce a monumental rampa de acesso ao navio. Estamos dia 16 de Junho. Começam a sair carros. Vem a alfândega a bordo, não muito que contar, os vistos estão em ordem (é obrigatório o visto para chegar de cargueiro), corre tudo sem problemas. O Nietzsche e o Daniel saem já hoje à noite, para seguir directamente para Norte em carro alugado. Eu espero pela manhã seguinte para explorar um pouco o Sul. Mas isso é outra história, que será contada uma outra vez.
Obrigado pelos vosso comentários e e-mails, não tenho respondido a tudo mas leio, e lembro. Até breve!

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